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Publié le mer, 29/06/2016 - 13:54

Lettre UNAF n° 536 / 27 juin 2016

Madame la ministre Monsieur le président du Conseil Régional Grand Est, Mesdames et messieurs les parlementaires Monsieur le Maire de Colmar

Je viens à votre Assemblée Générale, madame la Présidente, mesdames et messieurs les délégués, dans le contexte que vous connaissez. Le Royaume-Uni vient d’annoncer par le résultat du référendum son départ de l’Union Européenne, je devrais dire son divorce par rapport à la famille qu’est l’Europe.

 

Vidéo du Discours de François Hollande devant l’Assemblée générale de l’UNAF - 25 juin 2016 - Colmar

Sur le contexte européen

C’est effectivement une décision douloureuse d’abord pour le Royaume-Uni qui va en mesurer toutes les conséquences ; mais c’est aussi comme dans tout départ - comme dans tout divorce - aussi douloureux pour ceux qui restent. Mais ceux qui restent appartiennent à la famille européenne, et leur devoir, c’est à la fois de permettre que ce départ soit organisé comme il convient, mais aussi de donner du sens à l’Union que nous formons, dont nous devons être fiers, par rapport à ce qui a été réalisé depuis des décisions qui ont été prises par les pères fondateurs qui nous ont assuré la paix, et pas autant de prospérité qu’attendu, mais au moins les conditions pour vivre ensemble.

Et c’est cette responsabilité qui encore nous incombe : faire en sorte que l’Union que nous avons formée puisse offrir la perspective au peuple. Je dis bien au peuple, parce que les populistes, eux, sont à l’œuvre. Et nous pouvons regarder d’ores et déjà les dangers que des déclarations fracassantes peuvent provoquer.

Il est toujours plus facile de défaire que de faire. Et ça prend moins de temps. Mais les conséquences, elles, sont extrêmement graves.

Et ce que nous traversons comme situation, comme épreuve, doit nous mettre en capacité de pouvoir donner les réponses qui sont attendues, avec la force nécessaire, et avec, aussi, l’espoir que nous devons donner à la jeunesse. La jeunesse dont vous avez si bien parlé, Madame la Présidente.

Parce que c’est pour la jeunesse que l’Europe doit se constituer, s’est déjà constituée. C’est pour la jeunesse qu’elle doit offrir cette perspective de solidarité et de paix.

 

Sur l’UNAF

Mesdames et messieurs, madame la Présidente, je souhaitais venir à votre congrès malgré les circonstances qui vont m’obliger à rester moins longtemps parmi vous. Mais je tenais à être présent, à votre assemblée générale. D’abord pour saluer le président François Fondard qui laisse la place et qui a toujours eu avec les pouvoirs publics ce même esprit de dialogue franc et exigeant. (…) Vous vous étiez exprimée déjà comme présidente, avec cette fermeté de conviction, avec cette indépendance qui d’ailleurs a toujours caractérisé l’UNAF dans ses relations avec les pouvoirs publics. C’est bien qu’il en soit ainsi. Car vous n’êtes pas un relais des pouvoirs publics. Vous êtes une institution dans la représentation qui est la votre, des familles de France.

Et puis, c’est la première fois que l’UNAF a une présidente. Et d’une certaine façon, c’est historique. Je voulais aussi être parmi vous pour saluer ce que vous représentez, les bénévoles qui sont ici, les présidents d’UDAF, et tous ces professionnels, puisque votre union compte 8000 salariés et rassemble 7000 associations. C’est vrai que l’UNAF a en France une position, une place, singulières ; puisque vous n’êtes pas un syndicat, vous n’êtes pas non plus une association même si vous en regroupez de nombreuses, et votre dynamisme réside dans l’extraordinaire capacité à faire vivre les différences.

Aucune autre institution ne sait faire coexister comme vous y réussissez des associations confessionnelles et laïques, des représentants des familles des zones rurales (et vous y êtes très attachée madame la Présidente, moi aussi) mais également des centres urbains, des banlieues, de faire aussi vivre ensemble les promoteurs d’une conception traditionnelle de la famille mais aussi les familles homoparentales. C’est cette capacité à faire vivre cette diversité qui fait votre force. Parce que vous représentez toutes les familles de France. Et il est très important qu’il puisse y avoir un mouvement familial qui de génération en génération a su à la fois se renouveler et garder ses traditions. Etre capable de forger des principes qui valent pour toujours, et en même temps de les adapter à la société d’aujourd’hui. Et c’est ce que l’UNAF a toujours su faire.

Vous avez également toujours prétendu ouvrir avec les pouvoirs publics une relation qui soit originale, qui ne fasse pas cogérer les prestations familiales et les politiques familiales, mais qui vous en donne la responsabilité de les mettre en œuvre et de faire en sorte que les pouvoirs publics - la ministre est là aujourd’hui, la ministre des familles - pour qu’ensemble nous puissions, Etat et Unaf, mettre en œuvre un certain nombre de politiques que nous pouvons définir en commun. Cela a été rassemblé dans une nouvelle convention d’objectifs, entre l’Etat et l’UNAF qui vient d’être signée : elle décline les orientations que l’UNAF, les UDAF, partagent avec l’Etat.

Les priorités que nous pouvons nous fixer : la lutte contre l’illettrisme, les réseaux d’entraide aux parents, le soutien aux familles monoparentales, la prévention de la radicalisation, et la mise en œuvre des politiques d’accueil des jeunes enfants.

Vous aviez souhaité que cette convention ait de la visibilité, et donne également de la stabilité. C’est la raison pour laquelle cette convention, plutôt que ne porter que sur les 2 prochaines années, finalement va être sur un quinquennat, puisque c’est jusqu’au-delà même de 2020 que nos efforts vont pouvoir être coordonnés et nos politiques assumées ensemble.

Sur la lutte contre la radicalisation

C’est vrai que nous avons des défis nouveaux. Je pense notamment, et vous l’avez évoqué madame la Présidente, au fanatisme religieux et au risque de radicalisation. Dans ce combat, les familles ont un rôle majeur, parce que ce sont elles qui affrontent ces menaces. C’est parce que ce sont elles qui sont en première ligne, qui sont les cibles des fanatiques. Et nous devons aussi savoir ce que représente pour une famille de confession musulmane ou de toute autre confession, que d’avoir un enfant, un adolescent, qui est soumis aux pressions et va vers la radicalisation.

J’ai moi-même rencontré des familles, des mères et des pères qui représentaient justement ces affreuses situations où un enfant est soumis à une radicalisation et même où des jeunes sont partis en Syrie ou Irak combattre là où ils n’ont pas leur place, tout simplement parce qu’ils avaient été arrachés à leur milieu familial par une propagande horrible d’islamistes fondamentalistes. C’est là que j’ai vu ce qu’était la détresse de ces familles, mais aussi leur courage et leur force, et leur besoin de soutien, du soutien qui vient de vos associations et du soutien qui doit venir des pouvoirs publics.

Alors, les familles doivent être aussi actrices pour lutter contre la propagande djihadiste. Nous avons décidé ensemble de nous mobiliser, et vous avez été les premiers souvent, vous ici présents, à nous alerter, car vous avez su détecter à partir de vos observations les signes, les phénomènes qui allaient malheureusement se confirmer et se développer. Vous avez, grâce à votre réseau mis en place des formations aux parents pour comprendre et prévenir les familles, et nous avons voulu vous accompagner et c’est le plan de lutte contre la radicalisation qui se met en place aujourd’hui avec dans chaque préfecture une capacité pour agir, pour accompagner, et pour prévenir. Mais nous avons besoin les uns des autres, des associations familiales des élus, des administrations, de toutes les administrations qui peuvent détecter et bien sûr, de l’Etat qui doit agir.

Sur la politique familiale

L’Etat : vous avez rappelé ce qu’était son devoir. La politique familiale en France est à la fois une histoire et un atout.

C’est une histoire, une longue histoire, qui notamment après la Guerre, à la libération, s’est traduite dans un certain nombre de politiques. C’est une histoire à travers des institutions, notamment les Caisses d’allocations familiales, la CNAF, mais également, à travers des associations que vous représentez.

C’est une histoire et c’est un atout, avec une natalité qui est la plus vigoureuse d’Europe. Avec un taux de fécondité pour les femmes de France qui est le plus élevé d’Europe.

C’est un atout parce que c’est une chance que de permettre ainsi le renouvellement des générations.

C’est un atout parce que ça assure aussi la stimulation de l’économie, à travers un marché intérieur qui peut être encore plus dynamique que celui de nos voisins.

C’est un atout aussi parce que c’est un signe de confiance dans l’avenir. Quand une famille décide de faire un enfant, et même d’en faire plusieurs, c’est qu’en dépit de toutes les difficultés cette famille pense que le monde de demain sera meilleur que le monde d’aujourd’hui, qu’il est possible, donc, de donner la vie pour que cette vie puisse être heureuse.

Quand on interroge d’ailleurs nos compatriotes, on les interroge d’ailleurs beaucoup et j’ai même compris que l’UNAF faisait beaucoup de sondages, et beaucoup d’enquêtes. Quand on interroge nos compatriotes et qu’on leur demande s’ils sont heureux, ils répondent plutôt positivement à titre personnel.

Quand on leur demande si le pays est heureux, ils sont plus dubitatifs. Et si on devait les interroger sur le Monde, ce serait encore davantage de pessimisme qui s’exprimerait. Comment comprendre cette contradiction ?

En fait, les Français veulent que leur famille puisse être protégée. Protégée des aléas de la vie, protégée des menaces que le monde fait forcément surgir, et notamment ces dernières années. Avec le chômage, avec la précarité, et avec des menaces que l’on sait, et qui sont d’une autre nature : le terrorisme, la guerre, l’afflux de réfugiés que provoquent les guerres.

Les Français veulent que leur famille soit protégée et qu’eux-mêmes puissent être finalement aussi des acteurs de cette protection.

Et en même temps, ce qu’ils veulent est que leur pays puisse être dans une perspective de confiance en lui-même. C’est ce qui parfois vient à manquer : la confiance en nous même. Cette certitude que nous devons avoir que nous sommes un grand pays. Cette conviction que nous avons un modèle social que nous devons à la fois faire évoluer, mais préserver.

Cette richesse culturelle qui est la notre, et quand on vient dans une ville comme Colmar on peut en mesurer l’ampleur. C’est pour ça que j’y reviens aussi souvent, M. le Maire.

Mais aussi des atouts économiques considérables. Bien sûr qu’il y a des industries qui souffrent, bien sûr qu’il y a une agriculture en difficulté compte tenu des prix d’un certain nombre de produits - je pense notamment au lait - mais il y a également une transformation qui s’opère et vous devez être fiers, quand on apprend que des entreprises françaises, pas forcément les plus grandes, gagnent des marchés, ou sont à la pointe des technologies.

Alors cette confiance, les familles, d’une certaine façon, la ressentent puisqu’elles décident de faire des enfants. Nous devons les accompagner, et c’est l’enjeu de la politique familiale.

Sur les financements

Ce sont des financements, quand on fait le compte de ce que vous appelez des investissements, 33 milliards en terme de prestations familiales, mais davantage si l’on ajoute les aides au logement ou les prestations extra-legales qui permettent de donner des services, notamment pour l’accueil des jeunes enfants, et on devrait aussi ajouter à cette dépense d’investissement pour la famille, ce qui est consenti en matière fiscale. Nous sommes surement le pays qui consacre le plus aux familles.

Alors quand je fais aussi la comparaison avec les pays voisins, les pays européens, les pays donc de la famille européenne, ils me disent leur préoccupation, que le vieillissement ne soit finalement que leur destin, et leur faible natalité les inquiète. Ces pays regardent notre politique familiale comme un exemple. Nos amis Allemands, qui ne sont pas si loin, sont en train de prendre conscience des risques de cette faible natalité et même si elle peut être compensée par les flux migratoires, il n’empêche, il y a maintenant une prise de conscience qui fait que les Allemands et d’autres pays vont consacrer davantage.

C’est aussi ce qui crée votre inquiétude, de ne pas y avoir une espèce d’harmonisation vers le bas mais au contraire une prise en considération de ce que nous avons été capables de construire dans notre histoire puisse se poursuivre pour l’avenir.

Sur les décisions prises en matière de politique familiale

Il fallait faire des choix néanmoins, il n’était pas acceptable pour l’Etat, mais pas acceptable pour la nation et donc pour vous, qu’il y ait un déficit de la branche famille. Ca voulait dire quoi ? Qu’on était obligés d’emprunter pour payer la politique familiale ? Ca n’avait pas de sens, alors que nous devons faire en sorte que les familles puissent avoir confiance, si elles apprenaient qu’il fallait, pour payer les prestations familiales, emprunter sur les marchés financiers ? C’était un doute qui devait absolument être levé. De 2010 à 2013, le déficit annuel de la branche famille c’était 3 milliards d’Euros.

Nous avons donc fait en sorte, à travers des décisions qui ont été difficiles, de réduire ce déficit à 1 milliard d’Euros. Ce sera le déficit le plus faible depuis 10 ans. Alors ca a été effectivement la modulation des allocations familiales, l’ajustement des règles de calcul des prestations d’accueil du jeune enfant, la diminution du quotient familial : je sais ce que ça a représenté pour de nombreuses familles, des classes moyennes et même des classes favorisées, car comme vous le dites, je suis attaché aussi à l’universalité de la politique familiale. Toute famille de France doit avoir une prestation, même si elle n’est pas du même niveau.

C’est pourquoi il a été introduit déjà dans ces dernières années le plafonnement d’un certain nombre de prestations et d’allocations. Mais nous avons avec la modulation fait en sorte que chaque famille puisse toucher une allocation. Nous avons aussi veillé à ce que les familles les plus modestes, les plus fragiles, puissent être davantage encore soutenues, avec l’augmentation de 50% de l’allocation de rentrée scolaire dès 2012 et qui s’est finalement reproduite les années suivantes. Avec la revalorisation de 25% de l’allocation de soutien familial, sur cinq ans, la création d’un complément familial majoré de 50% pour les familles les plus modestes (ça représente plus d’un million de familles qui ont été concernées par cette seule disposition).

Et puis il y a eu des garanties nouvelles : je pense à la garantie pour les pensions alimentaires impayées, je pense aussi à ce que nous avons fait pour les points conseil budget et le mouvement familial participe à ces initiatives.

Il y a aussi cette exigence de solidarité que nous devons avoir à l’égard des enfants les plus pauvres, car nous ne devons jamais accepter qu’il y ait de pauvres familles. Parce que les familles, mêmes si elles sont modestes, veillent surtout à donner à leurs enfants toutes les conditions pour être bien éduquées, bien élevés, dans une société bienveillante. C’est leur honneur et moi je les salue ces familles qui sont souvent en précarité. Ces familles monoparentales où c’est souvent la mère qui assure l’essentiel. Nous ne devons pas simplement verser des prestations, nous devons accompagner ces familles. Je vous assure que nous maintiendrons le caractère universel tout en ayant cette volonté de soutenir les familles les plus fragiles.

Je veux aussi faire en sorte que nous puissions assurer ce que nous avions promis en termes d’accueil des jeunes enfants. La branche famille de la sécurité sociale dépense aujourd’hui, investit aujourd’hui, 3 milliards d’euros pour le plan "jeune enfant" destiné à accueillir davantage de jeunes enfants dans des crèches ou dans des établissements qui peuvent être collectifs. Il s’agit de permettre aux pères comme aux mères de concilier leur vie professionnelle et leur vie familiale et de participer pleinement aux engagements qu’ils ont décidé de consentir pour la société.

Il est exact que la conjoncture économique et certains choix de collectivité locale ont pesé sur la réalisation de ces objectifs et que nous ne pouvons pas forcément atteindre le chiffre que nous avions fixé. Néanmoins, le bilan est déjà satisfaisant avec la création en 4 ans de 70 000 nouvelles places de crèche et nous avons rétabli voire renforcé la préscolarisation en école maternelle.

J’ai même veillé, c’était une proposition de l’UNAF, à ce qu’il y ait un fonds spécial publics et territoires de la CNAF qui puisse etre doté de près de 400 millions d’euros et qui puisse justement soutenir le développement des structures souples, adaptées au milieu rural, les mini-crèches ou les maisons d’assistante maternelles. Et je remercie les collectivités locales, départements comme régions, d’avoir soutenu ces initiatives. De même j’évoquais la préscolarisation en maternelle car elle est essentielle pour des familles. Elle représente bien sûr un accueil mais plus que cela, un accompagnement et permettant de lutter contre les inégalités scolaires. Nous savons tous que plus tôt un enfant est scolarisé, voire préscolarisé, plus sûres ses chances de réussites sont affirmées. Donc, il était très important que nous puissions le faire, notamment dans les espaces ruraux et dans les quartiers difficiles.

Je veux également souligner ce que représente l’outil des schémas départementaux de services aux familles, parce qu’ils assurent la pérennité, la cohérence des efforts, et je veux également saluer ce qu’a été le rôle de l’UNAF pour les rythmes scolaires. Là aussi, ce n’était pas facile. Chaque fois qu’il y a un changement, il y a toujours une inquiétude, et chaque fois qu’il y a un progrès on parle d’abord de ce qui ne va pas. Mais les rythmes scolaires sont maintenant généralisés, les dotations de l’Etat ont été confirmées, pérennisées aux communes. Quand on regarde l’ensemble des activités proposées, on voit un enrichissement continu grâce d’ailleurs aux communes et aux intercommunalités et on voit aussi des associations qui se sont pleinement engagées pour la réussite de cette politique des rythmes scolaires. Là encore, le travail que vous avez pu mener avec la ministre des familles a été tout à fait précieux et nous permet également de regarder la politique familiale dans sa globalité, j’allais dire dans sa totalité.

Sur le handicap et la perte d’autonomie

Parce qu’il s’agit aussi de soutenir les familles lorsqu’elles rencontrent les aléas de la vie : je pense aux personnes en situation de handicap, aux jeunes enfants en situation de handicap. Il y avait une demande, elle est forte encore aujourd’hui. C’est de pouvoir scolariser les enfants handicapés en milieu scolaire ordinaire. Et pour les scolariser, il faut les accompagner. Il avait été mis en place des contrats d’auxiliaires de vie qui étaient souvent pour des personnes elles-mêmes en difficulté d’emploi, et qui n’avaient en plus pas la sécurité de leur propre emploi, se posaient même la question de leur devenir. Comment assurer une stabilité à des enfants déjà handicapés si en plus la relation qui est entre l’adulte et l’enfant peut elle-même être incertaine ? Alors j’ai décidé avec la ministre de l’éducation nationale, de pérenniser 50 000 contrats d’auxiliaires de vie pour donner de meilleures perspectives professionnelles aux salariés concernés, et donner une plus grande stabilité aux enfants.

Vous avez également évoqué, madame la Présidente, le défi du vieillissement, et ce qu’il peut représenter pour les familles. Chacun maintenant le vit : une famille est à la fois des enfants, bien sûr des adultes pour les éduquer et les élever, mais c’est aussi souvent une personne âgée, que l’on doit également accompagner. Et là encore la loi du 28 décembre 2015 a été un progrès dans les conditions de maintien à domicile des personnes âgées dépendantes dont les dépenses sont désormais mieux couvertes, et les aidants, en fait les familles, doivent être davantage à travers des droits à congé, à formation, et leur permettant aussi d’avoir des solutions pour le répit. Cette loi introduit ces droits, et maintenant il faut les mettre en œuvre et je compte sur l’UNAF et les UDAF pour y contribuer.

De la même manière, votre réseau et vos bénévoles sont très investis sur la formation des tuteurs familiaux. Ca, c’est une mission difficile, très difficile, qui fait partie de la responsabilité des UDAF. Il s’agit de protéger des personnes majeures et avec plein de difficultés, quelquefois, avec les familles. Vous menez cette mission avec beaucoup de responsabilité, beaucoup de solidarité. Et je voulais ici vous en exprimer ma gratitude et vous dire que l’Etat apportera tout son soutien et tout son concours, y compris sous la forme d’un financement dédié, dès 2017.

Conciliation vie familiale / vie professionnelle, politique du 3e enfant

Soutenir les familles, c’est également assurer l’égalité entre les femmes et les hommes. C’est pourquoi Laurence Rossignol est ministre des familles et des droits des femmes. Ces deux combats sont indissociables même si certains s’en sont étonnés. C’est indissociable en permettant aux femmes qui le souhaitent d’exercer une activité, c’est le cas quand même de 75% d’entre elles, et en facilitant pour les pères, l’investissement auprès de leurs enfants. Ils le souhaitent, même si parfois ils en sont pour des raisons culturelles ou économiques, empêchés. La politique familiale est un vecteur d’égalité entre les sexes, et en luttant contre toutes les discriminations, et il en existe entre les hommes et les femmes et vous avez rappelé en matière salariale ce qu’il en était, les politiques d’égalité renforcent les familles, y compris même les rapports dans la famille. C’est ce qui explique aussi cette volonté et cette politique menée depuis des années, que nous ayons pu garder un taux de natalité élevé, et que nous devons absolument préserver, même s’il y a des règles en démographie lorsque les classes d’âge sont moins nombreuses, il y a moins d’enfants, mais nous avons suffisamment de ressort pour que cette politique de natalité nous permette de rester, si je puis dire, sur la crête des 800 000 naissances par an.

Mais nous devons pour y parvenir, continuer parce que c’est cela force de la France, à concilier l’activité professionnelle des parents avec la progression de carrière, et les souhaits en matière de vie familiale.

Et si nous voulons favoriser l’arrivée d’un troisième enfant - ce qui a toujours été la volonté des pouvoirs publics, c’est de permettre qu’il y ait de grandes familles - et de faire en sorte que cette décision, - difficile parce que le troisième enfant modifie profondément l’organisation du logement et les conditions mêmes de la vie pour les familles concernées - nous devons avoir cette capacité non seulement à accompagner par des prestations, mais aussi par des politiques d’égalité entre les femmes et les hommes pour que les femmes puissent véritablement, même avec une famille plus nombreuse, disposer de toutes les conditions pour réussir leur vie professionnelle.

La loi du 4 aout 2014, et j’imagine que la date n’avait pas été choisie au hasard, pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, c’est un élément important pour non seulement la parité dans l’exercice des responsabilités mais l’égalité de traitement dans les entreprises, et également un sujet dont on parle trop peu parce qu’il nous fait offense, parce qu’il nous fait douleur, c’est la lutte contre les violences faites aux femmes et les pratiques de harcèlement. on en a beaucoup plus parlé ces derniers temps et ça fait partie de notre responsabilité parce que nous devons faire en sorte que les violences qui existent dans les familles, que les maltraitances qui existent dans les familles soient à la fois réduites mais surtout dénoncées pour que nous puissions y porter remède, pour que nous puissions (ce que vous faites d’ailleurs dans vos associations) donner un certain nombre de soutiens à ces familles, permettre qu’elles puissent être accompagnées.

Sur la protection de l’enfance

On sait d’ailleurs hélas que lorsque des enfants ont été battus, ils font aussi des parents violents, et qu’il y a ce risque. Donc nous devons apporter l’éducation, le soutien l’explication, le travail médico-social qui est indispensable pour qu’on sorte un certain nombre de familles de ces situations. Vous avez un rôle très important à jouer dans l’observatoire de la parentalité pour faire évoluer ces représentations et pour permettre justement qu’on puisse agir tant qu’il en est temps. Mais là encore madame la Présidente vous avez insisté sur une évidence qui est aussi une exigence : ce qui préoccupe les parents, c’est l’avenir de leurs enfants. C’est pourquoi j’ai voulu que la France signe en novembre 2014 le 3e protocole à la convention internationale des droits de l’enfants. Il est maintenant entré en vigueur et chaque enfant, ou son représentant, pourra déposer désormais un recours individuel devant le comité des droits de l’enfant des nations unies, une forme de recours ultime quand tous les autres ont été épuisés pour assurer une nouvelle protection. De la même manière, la loi du 14 mars 2016 assurera une meilleure protection de l’enfant et nous devons intervenir chaque fois qu’il en est temps.

Sur la réforme du divorce

Vous avez évoqué, madame la Présidente, la question du Divorce, et notamment du divorce sans juge. Je partage avec vous le souci qui doit être le seul dans ces circonstances : l’intérêt de l’enfant qui doit être pris en compte. Le débat parlementaire se poursuit et c’est ce principe qui, j’en suis sûr, gouvernera les débats et permettra de trouver une solution.

Sur la jeunesse

Je veux également insister sur ce que nous devons faire pour accompagner la jeunesse et sa réussite. Car nous avons un devoir et les pouvoirs publics d’abord, de faire réussir la jeunesse. Vous avez d’ailleurs insisté sur toutes les politiques que nous avons mises en place pour que le primaire dans le système scolaire soit renforcé, pour qu’il y ait plus de postes créés et d’accompagnements prodigués, pour qu’il y ait une deuxième chance aux élèves qui ont décroché (il y en a encore 110 000 qui sont "décrocheurs"). Nous avons aussi voulu renforcer l’excellence des filières professionnelles, l’apprentissage, mettre le numérique à présent à la portée de tous, car c’est la condition nécessaire mais qui doit être accompagnée par une éducation au numérique, si nous voulons que les jeunes aient cette chance et ne soient pas non plus incapables de décrypter ce qu’il y a de faux, d’inexact, dans toutes les informations - fausses informations - qui peuvent parfois leur être destinées pour les détourner.

J’ai voulu également qu’il y aie plus de jeunes qui puissent accéder à l’enseignement supérieur. La France, qui se targue quelquefois de réussite en matière éducative, peut également constater qu’elle n’est pas toujours la première. Et nous avons le devoir de faire qu’il y ait davantage de jeunes qui rentrent dans l’enseignement supérieur, mais que les familles puissent également être soulagées des frais que cela peut représenter. Les bourses sont aujourd’hui supérieures de 15% de ce qu’elles étaient il y a 3 ans ; 130000 jeunes des classes moyennes bénéficient d’une bourses alors que jusqu’à présent elles n’y avaient pas accès, et ces bourses peuvent représenter 1000 euros par an. Ces boursiers seront encore plus nombreux pour la prochaine rentrée.

J’ai également voulu avec la ministre du Travail, le premier ministre Manuel Valls, qu’on puisse introduire la garantie jeune dans la loi travail qui fait l’objet de discussions encore aujourd’hui, ce dispositif est déjà évalué et expérimenta dans beaucoup de départements avec succès, et nous devons avoir l’objectif de le généraliser l’année prochaine. Je veux également souligner que nous avons pu offrir un emploi d’avenir à 260 000 jeunes, souvent les plus éloignés du marché du travail, et que nous avons mis en place à la rentrée 2016 une aide à la recherche du premier emploi dans le cadre de la loi travail. Cette aide à la recherche du premier emploi est destinée aux jeunes diplômés de tout niveau de qualification, souvent d’origine modeste, afin de soutenir financièrement pendant 4 mois la période d’insertion professionnelle. 120 000 jeunes vont pouvoir en bénéficier. Quand nous parlons des bourses, quand nous parlons d’allocations ou d’aides à la recherche du premier emploi, c’est finalement les familles qui sont concernées.

Les familles c’est un tout et même si l’on veut l’autonomie des jeunes, et je crois que c’est aussi votre volonté, nous devons l’imaginer dans la famille. Le jeune veut être autonome, mais dans sa famille. Il ne s’agit pas de le faire décrocher de sa famille, mais au contraire de faire que la famille soit un soutien, pour assurer cette autonomie.

Sur la pérennité de la politique familiale

Mesdames, messieurs, je voulais ici par ma présence vous dire toute la reconnaissance de l’Etat, et je parle au nom de toute la nation, pour les associations familiales. De majorité en majorité, ca a toujours été la volonté partagée, et je souhaite qu’il en soit ainsi encore dans l’avenir, parce qu’il doit y avoir des politiques qui disposent de la continuité nécessaire. Bien sûr qu’il y a des ajustements à faire, et c’est la responsabilité de ceux qui gouvernent, et je les assume, parce que si je n’avais pas pris ces décisions, c’eut été mettre gravement en cause la sécurité sociale et donc la branche famille. Mais ce qui doit être préservé, ce sont les principes et les grands financements. Et dans leur diversité, j’ai évoqué les prestations familiales, indispensables, j’ai parlé aussi des aides au logement dont on parle trop peu et qui sont pour beaucoup de familles des soutiens indispensables, j’ai évoqué des services, des équipements, qui sont partagés d’ailleurs avec les collectivités locales. Et il y a tout ce qui est accompagnement que vous assurez. c’est l’ensemble de cette politique familiale que nous devons préserver, poursuivre, améliorer, enrichir en fonction des défis. Défis de la préparation à l’emploi pour les jeunes, défi de la violence, défi aussi à travers ces risques de propagande qui peuvent mettre des jeunes dans un grand désarroi ou dans un grand danger. Défis aussi des trafics de toute sorte, de la drogue, qui là aussi détruit des familles entières. Nous devons prendre en compte toutes ces réalités, n’en écarter aucune au prétexte qu’elle pourrait nous gêner, parce que nous sommes solidaires. Le plus important pour une famille c’est de savoir qu’une autre famille va pouvoir lui venir en soutien : c’est ce que vous avez voulu à travers vos associations.

Vous allez fêter vos 71 ans, c’est un anniversaire comme les autres, mais quand même, vous êtes maintenant une grande dame. Je n’ai pas dit une vieille dame, car aujourd’hui il n’y a plus d’âge. Mais cette ancienneté est à la fois votre expérience et votre force. Vous êtes nés en même temps qu’à la libération étaient instituées les grandes règles de notre protection sociale, celles qui avaient été définies par le conseil national de la résistance, qui rassemblait toutes les familles politiques de la République, pour savoir comment nous allions vivre ensemble. Alors bien sûr, 71 ans après, les sociétés, la notre, ont considérablement changé, mais ce sont ces principes là qui nous gouvernent encore, qui doivent nous gouverner. Méfions nous de ceux qui voudraient faire table rase. De ceux qui voudraient faire que nous ne puissions pas être encore solidaires. Ceux qui s’en prennent toujours aux plus pauvres, à ceux qui considèrent toujours que ceux qui sont aidés sont des assistés, alors que bien sûr nous devons mettre des politiques en œuvre pour que le travail soit la valeur partagée, pour que chacun puisse être appelé à ses responsabilités, et notamment à l’emploi. Mais en même temps nous devons rester cette nation solidaire, et c’est pourquoi il est très important que vous puissiez, dans votre diversité, avec des sensibilités très différentes, rester ensemble et unis pour poursuivre des objectifs qui avaient été fixés au lendemain de la guerre, et qui sont aujourd’hui renouvelés par vous avec votre assemblée générale. C’est cette capacité d’adaptation, de renouvellement, qui fait la force que vous représentez.

Sur la famille

La famille, qui comme les nations unies l’avaient ainsi décrite, c’est la plus petite démocratie dans le monde. La famille, avec des règles qui existent aussi, même si on ne fait pas de référendum, heureusement, mais c’est cette structure humaine si importante qui va déterminer tout le reste. Donc, nous devons faire que la famille puisse être le premier espace de solidarité affective, morale, matérielle, entre les individus et entre les générations. Et si les Français sont à ce point indéfectiblement attachés à la famille, même si elle change, se transforme, même si les couples peuvent se séparer, c’est la première valeur qui vient à l’esprit. Lorsqu’il y a un danger, une épreuve, ou une joie, avec qui partager cette joie, cette joie, cette épreuve, ce danger, si ce n’est en Famille. La Famille, singulière, la famille dans laquelle nous sommes tous à titre personnel, mais les familles, les familles qui doivent être ensemble pour justement s’épauler les unes les autres. Les familles qui doivent lutter ensemble, y compris dans le dialogue avec les pouvoirs publics et avec l’indépendance qui vous caractérise pour que nous ayons des politiques qui puissent être à la hauteur des risques que nous courons, ou des chances que nous devons saisir, eh bien oui, c’est cette famille, la famille Française aussi, la famille que nous représentons, la nation française, qui est aussi une famille qui doit rester unies. Même si là encore il y a des sensibilités différentes, des divisions qui existent. mais il ne doit pas y avoir de séparation. Il ne doit pas y avoir d’affrontement. Et ceux qui veulent justement nous opposer les uns les autres doivent être écartés, comme il y a un famille Européenne qui doit être là encore, même si elle peut connaître (ce qui vient d’être le cas) une séparation, que nous devons assumer et organiser, que nous devons déplorer mais qui est ainsi, nous devons rester ensemble et nous donner un sens à notre existence, à notre union.

C’est ce que vous faites, et je voulais ici, à Colmar, vous dire toute ma gratitude pour que la famille de France, que les familles françaises, puissent ainsi donner un espoir de plus à nos concitoyens.

Merci.

 

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